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Vie rurale Manifestation de solidarité face à la fermeture d'une entreprise laitière en Bretagne

Opération ville morte et manifestation inhabituelle en zone rurale : entre 1.000 et 1.200 personnes ont défilé dans les rues de Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine). Elles dénonçaient la fermeture de l'usine laitière Entremont de leur commune, et le licenciement de 173 personnes du groupe Entremont Alliance en Bretagne. Reportage.

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1.000 à 1.200 personnes ont défilé contre la fermeture de l'usine Entremont de Saint-Méen le Grand (Ille-et-Vilaine).
(© Photos Pierre Boiteau, Web-agri)

 

Parole d'agriculteur :

« Nous modernisons, nous souhaitons restructurer nos filières au niveau de la Bretagne pour être plus forts face à la grande distribution. C'est un impératif... mais cela crée du chômage », témoigne Jean-Yves, éleveur laitier présent à la manifestation par solidarité. « Nous sommes en contradiction... » Mais quelle autre solution ?

 

 


Les slogans témoignent de l'amertume des salariés.
(© Web-agri)

 

« Ce que vivent les salariés aujourd'hui, les agriculteurs le connaissent ou vont le connaître bientôt » lance Jean-Yves Rissel, éleveur laitier à Gaël, près de Saint-Méen-le-Grand. Comme lui, quelques agriculteurs se sont joints samedi 11 février à une manifestation de solidarité face à la fermeture de l'usine Entremont de Saint-Méen le Grand. L'entreprise compte 170 salariés dans une commune d'un peu plus de 3.500 habitants.

Employés des différents sites bretons du groupe fromager Entremont Alliance, élus du centre Bretagne, commerçants et habitants du secteur ont manifesté ensemble. « L'heure est à la solidarité » insiste Joseph Pennors, responsable syndical Cfdt Bretagne. Les commerçants de Saint-Méen ont d'ailleurs fermé boutique samedi en fin de matinée. Opération ville morte.

Les élus ne comprennent pas

Défense de l'emploi dans la région et solidarité étaient les maîtres mots des slogans de la manifestation. « Pour l'emploi, pour la Bretagne, d'autres choix sont possibles » résume une banderole en tête de cortège. Sans oublier l'impact sur la vie locale : « Commerçants : sans Meule d'or demain c'est la mort. » Beaucoup d'autres pancartes démontraient l'amertume voire l'aigreur des salariés. Le 6 janvier dernier, ils ont appris par la presse la fermeture de leur usine dans quelques mois. Plusieurs slogans enfin dénonçaient le récent Cpe (contrat première embauche).

Les élus, présents en force, ne comprennent pas les décisions de restructuration d'Entremont Alliance, groupe détenu par une holding (Cnp, Compagnie nationale à portefeuille) dont les bénéfices sont en hausse (380 millions d'euros en 2003, 570 en 2004).

« Notre présence ne changera pas grand chose »

Un pannonceau « solidarité » sur le dos, une habitante du canton commente : « Notre présence à cette manifestation ne changera pas grand chose. Mais je tiens à témoigner ma solidarité. Et puis si nous ne faisons rien ce sera pire. Au moins si nous bougeons les patrons hésiteront un peu plus avant de virer leurs salariés pour des opérations financières inhumaines. »

Comme elle, beaucoup sont fatalistes. Ce fatalisme est d'ailleurs l'une des raisons invoquée par les organisateurs pour une mobilisation certes importante pour une commune rurale, mais décevante par rapport aux attentes.

 


La manifestation s'est terminée par des discours sur la place de Saint-Méen le Grand. « La filière laitière bretonne doit retrouver son tonus » lançait par exemple un responsable syndical. (© Web-agri)

 

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